En ce lieu empreint de mémoire, devant ce monument dédié aux morts pour la France, nous avons l’immense privilège de rendre aujourd’hui un hommage à un héros dont la grandeur dépasse les mots.
C’est un immense honneur qui m’incombe, celui de prononcer l’éloge du caporal-chef Maxime Blasco, avant de procéder, aux côtés de Monsieur le Maire d’Alès, Max Roustan, au dépôt de gerbes, en présence de son Conseil municipal et des nombreuses personnalités ici réunies.
Permettez-moi une petite entorse au protocole, celui de modifier légèrement le prénom de notre héros. Plutôt que de prononcer le prénom de Maxime, permettez-moi de l’appeler « Maximus », c’est-à-dire le grand. Car tel doit être son véritable nom, un nom que l’humilité et la discrétion de cet homme ne laissaient pas entrevoir, mais qui était pourtant la marque des plus grands.
Aujourd’hui, dans cette ville d’Alès, l’hommage que nous rendons résonne bien au-delà de nos frontières locales. Il s’élève jusqu’à la capitale, dans un lieu sacré de l’Histoire militaire, les Invalides, où, en communion avec nos camarades, nous nous associons à la cérémonie présidée en ce moment par le Président de la République Emmanuel Macron, unis dans la même émotion et la même reconnaissance envers cet homme exceptionnel.
Le caporal-chef Maxime Blasco appartenait au 7ème bataillon de chasseurs alpins, un homme discret, un membre des commandos de montagne qui, loin de se considérer comme une élite, incarnaient véritablement cette élite. Il savait, à chaque instant, dans les moments les plus extrêmes, incarner cette humilité légendaire, un homme dont l’héroïsme n’a jamais cherché la lumière, mais dont les actes ont fait toute la différence.
Il a brillé par son courage exceptionnel lors d’une mission au Mali, où, au péril de sa vie, il sauva deux de ses camarades dont l’hélicoptère venait de se crasher. Avec une détermination inébranlable, il les a extraits un à un des débris en flammes, les plaçant en sécurité, malgré un feu nourri de l’ennemi, malgré les blessures qui le déchiraient. Il n’a pas hésité à risquer sa vie pour leurs vies.
Et, souffrant terriblement, avec trois vertèbres fracturées, il a trouvé la force de s’agripper, avec ses camarades, à l’hélicoptère Tigre venu les secourir, transportant trois vies dans un vol interminable, vers un endroit sûr. Cette scène d’un courage inimaginable, pour lui, n’était rien d’autre que l’accomplissement de sa mission. Il ne voyait en lui rien d’extraordinaire. C’était simplement le devoir accompli, comme il l’avait toujours fait, que ce soit sur le terrain ou dans sa vie civile, en tant que pâtissier.
Face à un tel exploit, le Président de la République, Emmanuel Macron, lui a décerné la médaille militaire en juin 2021. Aujourd’hui, devant nous, il est reconnu comme Héros de la Nation, et il reçoit, à juste titre, la médaille d’Officier de la Légion d’Honneur, qui symbolise la grandeur d’âme de ce soldat d’exception.
Le caporal-chef Maxime Blasco ne s’est jamais laissé définir par son grade. Mais ce grade, loin d’être anodin, revêt une signification profonde. Le caporal, c’est celui qui combat aux côtés des siens, qui mène son groupe par l’exemple, par le respect, par la confiance. Maxime n’a jamais cherché à être un leader, mais il l’était par la force des choses. S’il était un caporal parce qu’il vivait avec ses hommes et les guidait dans l’adversité, il était surtout un chef en incarnant avec simplicité, la force tranquille et la loyauté inébranlable.
Maxime Blasco était un homme de l’ombre, un guerrier discret. Aujourd’hui, nous réalisons l’ampleur de son sacrifice. Ce nom qui nous était inconnu avant sa tragique disparition, résonne désormais dans nos cœurs, car c’est dans l’épreuve ultime qu’il nous a été révélé. C’était là son vœu, sa volonté : être reconnu, non pas pour la gloire personnelle, mais pour le service qu’il a rendu, pour l’engagement sans faille qu’il a mis au service de ses camarades et de la Nation.
Maxime, aujourd’hui, nous vous saluons, non plus en simple caporal-chef, mais en véritable héros. Désormais, vous êtes « Sergent Maximus », un homme que nous ne connaissions pas, mais que nous admirons profondément. Et nous vous rendons hommage, avec tout le respect, l’admiration et la gratitude que vous méritez, à jamais gravé dans notre mémoire.
Dr Gérard Chaput – Président des Sentinelles de la Nation
Comments